Il y a, dans l’œuvre d’Olivier Leroi, la coïncidence d’un art à l’extrême raffiné, et d’un art brut ou d’un art concret. Mais certes pas au sens où l’histoire a retenu ces deux termes pour les appliquer, comme autant d’étiquettes, à des phénomènes dont on demeure, ici, en tout état de cause, fort éloigné. Il faut entendre, bien plutôt, qu’il y a, dans l’œuvre d’Olivier Leroi, un surprenant mélange de quelque chose mal dégrossi, du moins en apparence, et de quelque chose au contraire de très fin ; d’éléments « naturels » et d’éléments « artificiels » (et on verra ce que tout cela peut bien signifier).
Ce sont de vraies oreilles de lièvre, par exemple, et de vraies pattes de faisan, qui sortent, à chaque extrémité, d’un bout de bois : Les animaux sortent du bois. C’est un goujon empaillé, dont s’échappe, par la bouche, une impressionnante bulle de verre. Ou c’est une petite maison, avec sa cheminée, qui se dessine soudain dans une plume d’oiseau, et qui paraît, parmi les autres barbes, comme entourée partout d’herbes folles ; ou cette autre maison encore, taillée délicatement, presque ciselée, qui semble avoir poussé au bout d’une branche.
À parcourir l’œuvre d’Olivier Leroi, on est saisi du sentiment, parfois, qu’il s’agit là surtout d’un art du regard. Comme s’il suffisait de savoir déceler des formes ou des énergies (cela revient au même) qui sont latentes. Pour les laisser jaillir. Comme le travail, un peu, d’un sourcier. Comme s’il suffisait d’achever, de main d’homme, quelque chose que la nature propose, qu’elle a secrètement disposé ou qu’elle a, parfois même, déjà commencé.
L’homme participe du grand tout. Et l’artiste, plus spécifiquement, conscientise cette participation. La création artistique, chez Olivier Leroi, concorde à la création naturelle. Loin de toute prétention (follement prométhéenne) à s’en excepter, elle entreprend plutôt – tout émerveillement traversé, assimilé – de se jouer d’elle.
C’est vrai des sculptures dont on vient de parler. C’est vrai, aussi, des objets de verre soufflé que l’artiste dessine, à la figure d’organes d’animaux. Et je dis bien dessine à propos de ces objets. Le dessin, en effet, tient une place importante dans l’œuvre d’Olivier Leroi. Le dessin lui-même (à quoi il ajoute aussi parfois du collage) ; mais le dessin, surtout, le tracé, le geste comme méthode, comme manière de faire surgir les choses, enclore les énergies.
Et puisqu’on parle ici de geste, il faut dire un mot, pour terminer, de la performance chez Olivier Leroi. La performance, comme un terme générique, pour désigner les actions qu’il entreprend à partir de tel ou tel contexte – Les moutons, Première neige au pays Dogon, etc. – et qui sont, souvent, des actions collectives, ou mieux : participatives. De cette dernière catégorie, on retiendra ici une œuvre encore en cours. Cela se passe dans le cadre du 1% du nouveau Lycée du Giennois. Une balise a été mise à l’eau, dans la Loire, par l’artiste et par un groupe d’élèves. Ils en suivent depuis la progression, et ils le pourront pendant deux ans, sur le cours de la Loire et jusque dans l’océan Atlantique. Cela dit, chacun peut le faire aussi, de chez soi, grâce à un site web initié par le groupe d’élèves et leurs professeurs. On expérimente, ici, une géographie active. Les communes de la Loire, notamment, et leurs organes, sont aussi invitées à suivre le parcours de la balise, à en faire circuler des nouvelles (via le site web), et à intervenir si elle rencontre quelque obstacle. Une seconde phase prendra forme, ensuite, sur une des baies vitrées de Lycée. Comme une trace possible de cette expérience. Bref, cueillir, derechef, ou recueillir les énergies. Être un vivant, au sens fort, parmi le vivant, le grand tout. Déceler. Et donner forme.
Ce sont de vraies oreilles de lièvre, par exemple, et de vraies pattes de faisan, qui sortent, à chaque extrémité, d’un bout de bois : Les animaux sortent du bois. C’est un goujon empaillé, dont s’échappe, par la bouche, une impressionnante bulle de verre. Ou c’est une petite maison, avec sa cheminée, qui se dessine soudain dans une plume d’oiseau, et qui paraît, parmi les autres barbes, comme entourée partout d’herbes folles ; ou cette autre maison encore, taillée délicatement, presque ciselée, qui semble avoir poussé au bout d’une branche.
À parcourir l’œuvre d’Olivier Leroi, on est saisi du sentiment, parfois, qu’il s’agit là surtout d’un art du regard. Comme s’il suffisait de savoir déceler des formes ou des énergies (cela revient au même) qui sont latentes. Pour les laisser jaillir. Comme le travail, un peu, d’un sourcier. Comme s’il suffisait d’achever, de main d’homme, quelque chose que la nature propose, qu’elle a secrètement disposé ou qu’elle a, parfois même, déjà commencé.
L’homme participe du grand tout. Et l’artiste, plus spécifiquement, conscientise cette participation. La création artistique, chez Olivier Leroi, concorde à la création naturelle. Loin de toute prétention (follement prométhéenne) à s’en excepter, elle entreprend plutôt – tout émerveillement traversé, assimilé – de se jouer d’elle.
C’est vrai des sculptures dont on vient de parler. C’est vrai, aussi, des objets de verre soufflé que l’artiste dessine, à la figure d’organes d’animaux. Et je dis bien dessine à propos de ces objets. Le dessin, en effet, tient une place importante dans l’œuvre d’Olivier Leroi. Le dessin lui-même (à quoi il ajoute aussi parfois du collage) ; mais le dessin, surtout, le tracé, le geste comme méthode, comme manière de faire surgir les choses, enclore les énergies.
Et puisqu’on parle ici de geste, il faut dire un mot, pour terminer, de la performance chez Olivier Leroi. La performance, comme un terme générique, pour désigner les actions qu’il entreprend à partir de tel ou tel contexte – Les moutons, Première neige au pays Dogon, etc. – et qui sont, souvent, des actions collectives, ou mieux : participatives. De cette dernière catégorie, on retiendra ici une œuvre encore en cours. Cela se passe dans le cadre du 1% du nouveau Lycée du Giennois. Une balise a été mise à l’eau, dans la Loire, par l’artiste et par un groupe d’élèves. Ils en suivent depuis la progression, et ils le pourront pendant deux ans, sur le cours de la Loire et jusque dans l’océan Atlantique. Cela dit, chacun peut le faire aussi, de chez soi, grâce à un site web initié par le groupe d’élèves et leurs professeurs. On expérimente, ici, une géographie active. Les communes de la Loire, notamment, et leurs organes, sont aussi invitées à suivre le parcours de la balise, à en faire circuler des nouvelles (via le site web), et à intervenir si elle rencontre quelque obstacle. Une seconde phase prendra forme, ensuite, sur une des baies vitrées de Lycée. Comme une trace possible de cette expérience. Bref, cueillir, derechef, ou recueillir les énergies. Être un vivant, au sens fort, parmi le vivant, le grand tout. Déceler. Et donner forme.