Olivier Leroi

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Extrait de l'introduction d'Olivier Kaeppelin à l'ouvrage monographique d'Olivier Leroi « Chronopoétique »

Leroi sans divertissement
...Olivier Leroi, par inflexions, écarts, crée un univers ambivalent. Dans le même temps, il emploie et met en cause la logique. Ses procédés sont, alors, proches de ceux de Bertrand Russel, de Lewis Caroll ou encore, quoiqu’en aient les gardiens du sérieux littéraire, de ceux de Jacques Prévert. A travers les formes il avance, « par gambades, par sauts » comme le disait Montaigne, de sa propre poétique. Il avance grâce aux formes mais aussi grâce aux langages, d’où l’importance accordée aux titres, aux textes concernant les processus, les protocoles de bon usage qu’il met en place. « Mandoline » est en fait une Mandoline-canne à pêche, ustensile à deux fonctions, laissant supposer un univers inédit pour le poisson et le pêcheur. « La géométrie enseignée aux mésanges » quant à elle propose, pour chaque porte et donc pour chaque oiseau, une géométrie impossible à utiliser qui ne fait que souligner, rehausser le mouvement des ailes et, ainsi, mettre en lumière des principes d’organisation du monde totalement contradictoires. Cette opposition se retrouve dans « Le gourou des lotissements » où des plumes d’oiseau sont découpées de telle façon qu’elles portent les profils de constructions dont les fondations sont le vent.
Olivier Leroi qui est passionné de cultures étrangères, africaines ou amérindiennes, rejoint les légendes immémoriales, par la manière qu’il a de considérer l’archétype de la maison. Ces légendes nous apprennent qu’une maison, si elle n’est pas traversée matériellement et spirituellement par la lumière, devient un tombeau. C’est ainsi que, chaque année, c’est en découvrant le toit, de ses palmes, ou en brisant ses tuiles par un jet de flèches destiné à faire pénétrer le soleil, que nous gardons vive la maison. « Si je préserve la maison elle est perdue, si je brûle la maison elle est sauvée » est une énigme que nous propose ces très anciennes narrations.
Cette manière de rappeler la nécessité de l’ouverture, de « l’ouvert », dans la langue comme dans les figures tracées, est sans cesse présente dans son œuvre et tout particulièrement dans cette maison qu’il ne cesse de dessiner, de sculpter, d’assembler.
Je pense, ici, à sa maison forestière. Elle est, là, en Sologne comme elle est aussi ailleurs. Elle déjoue toute localisation pour devenir ce lieu mobile, universel, nomade qu’il cherche comme un foyer d’où naissent les pensées et d’où s’échappe l’inconscient des rêves.
C’est ce « lieu » qu’il quitte et qu’il retrouve, pour vivre les métamorphoses, l’échange des règnes, le croisement des mémoires qu’il étudie avec humour et qu’il projette dans ses œuvres comme des géographies en devenir. Dans son travail, tout est lié, partagé, associé, réversible. Il nous permet d’expérimenter une pluralité d’espaces, de façon simultanée. Chez lui, rien n’est linéaire, tout est ensemble. Il aime les voisinages, les gémellités. Il s’adresse à l’autre, aux doubles, aux ombres de soi. Les travaux d’Olivier Leroi ne cessent de vivre l’altérité du monde. Et c’est parce qu’il y a altérité qu’il n’y a jamais autorité, jamais imposition ou légalité des formes...


In Chronopoétique, paru fin 2015 aux éditions Actes Sud.