Olivier Leroi a été forestier avant de suivre l’Institut des hautes études en arts plastiques à Paris avec Daniel Buren, Pontus Hulten et Sarkis. Jonglant avec le mot, l’image, la forme, l’artiste réalise une œuvre où l’humour et l’absurde sont le leitmotiv d’un langage plastique d’une poésie vivifiante. L’artiste cultive dans son propos une dimension ironique, dadaïste, oulipienne, usant volontiers de figure de rhétorique, d’images métaphoriques et métonymiques. Vivant proche de la nature, dans une forêt du Cher, il s’inspire des mystères du paysage, de sa faune aquatique et végétale, et l’applique à la connaissance humaine dans un jeu de sens formel. Il en résulte une sorte d’écart de langage dans une distorsion de sens et de perception burlesque, chaque œuvre fonctionnant comme un dispositif à perturber et à questionner en s’amusant.
La puissance esthétique de son travail nous rapproche des « Pierres de rêve » évoquées par Roger Caillois. Une intervention minimum sur un support ou un motif déjà existant vient faire œuvre humaine sur une œuvre naturelle, et fait basculer le sens. Les sciences obliques, les sentiers de la pensée transversale instruisent les mécanismes de l’imaginaire, et les songes de chacun. Le diptyque composé de deux photographies couleur, et intitulé Lieu dit, Lacan-Brousse, juxtapose par exemple la signalétique routière de deux minuscules communes de France, l’une Lacan, et l’autre Brousse comptant 20 habitants. Mais ce rapprochement vient se complexifier en mettant en collision deux personnalités françaises, le célèbre psychiatre qui s’attachait à retrouver dans l’inconscient la structure névrotique du langage, à celle d’un utopiste politique, médecin anarchiste proche de Bakounine, et qui participa à la Commune de Paris. Mais si l’on regarde bien, d’autres signes dans le paysage viennent encore perturber le propos initial…Olivier Leroi expose également au château d’Oiron, centre des monuments nationaux, jusqu’au 3 octobre 2004
Pièce à conviction (en sous-sol), 2004
Pièce à conviction, l’exposition d’Olivier Leroi présentée au sous-sol du Creux de l’enfer, appuie sur l’idée de parcours autonome dans la découverte des œuvres. L’installation innove une muséographie enchanteresse liée à la grotte, à l’obscurité et à la sonorité. La caverne ramène aux profondeurs de l’inconscient, à la peinture rupestre et à l’origine de l’art. Un bruit limpide et irrégulier de goutte d’eau, provenant de ses tréfonds, vient appuyer l’ambiance souterraine recherchée, et invite le visiteur à pousser son investigation dans la visite de l’exposition. Muni d’une lampe torche, on peut alors s’y aventurer. Les œuvres ne sont véritablement perceptibles que dans le faisceau de la lumière circulaire dirigée sur elles, accusant la relation de ce qui est vu à l’organe de l’œil. Les objets sont pris, telle la rétine dans le cristallin, dans une membrane transparente, un film plastique les protégeant ainsi que des produits de consommation courante insérés dans des emballages de cellophane. La surface vitreuse du plastique, sa réfringence à la lumière, a pour effet de produire une distanciation. Ainsi fétichisés, séparés de la tangibilité du toucher, les dessins, sculptures et objets se bardent en secret, obligeant, afin de mieux les lire et mieux les comprendre, à se rapprocher de près. La mise en scène énigmatique et féerique convoque à un certain recueillement. Elle soulève une petite dramatisation qui invalide le contenu parfois comique ou poétique de ce qui est donné à voir. L’exposition retrace ici une sorte d’inventaire archéologique de pièces (à conviction) balisant, de 1987 à 2004, le parcours artistique d’Olivier Leroi.
Oliver Leroi
(P)résidence (en terrasse), 2004
Cette intervention de l’artiste sur la terrasse du Creux de l’enfer renvoie au titre principal de son exposition, et fait appel, de jour et de nuit, sur l’extérieur et à la vue de tous. L’installation met en jeu autant la notion de nation créatrice, de résidence d’artiste, que d’appropriation d’un territoire qui ici à Thiers est un centre d’art. Elle prend encore une dimension critique inhérente à l’institution artistique en érigeant trois drapeaux français tricotés de laine, comme une nation maternelle le ferait pour ses enfants, une laine de nature réfléchissante à la lumière, donc signalétique. Ces drapeaux dressés sur des mats à trois niveaux différents, du plus petit au plus grand, surplombent trois places de parking évidemment inaccessibles à ce niveau du bâtiment. Les drapeaux français ainsi érigés sur le Creux de l’enfer appuient sur la dimension et la reconnaissance nationales du centre d’art, et sur son aspect forteresse pour un artiste à prendre. Les trois drapeaux correspondent au nombre d’artistes intervenants, et laisse supposer un questionnement caustique sur une hiérarchie artistique. La proposition en effet, dans sa figure de rhétorique, pousse à cette hypothèse, les bandes signalétiques blanches peintes sur la terrasse décrivant des emplacements de parking, mais de gabarits différents.
Olivier Leroi expose également au château d’Oiron, centre des monuments nationaux, jusqu’au 3 octobre 2004
La puissance esthétique de son travail nous rapproche des « Pierres de rêve » évoquées par Roger Caillois. Une intervention minimum sur un support ou un motif déjà existant vient faire œuvre humaine sur une œuvre naturelle, et fait basculer le sens. Les sciences obliques, les sentiers de la pensée transversale instruisent les mécanismes de l’imaginaire, et les songes de chacun. Le diptyque composé de deux photographies couleur, et intitulé Lieu dit, Lacan-Brousse, juxtapose par exemple la signalétique routière de deux minuscules communes de France, l’une Lacan, et l’autre Brousse comptant 20 habitants. Mais ce rapprochement vient se complexifier en mettant en collision deux personnalités françaises, le célèbre psychiatre qui s’attachait à retrouver dans l’inconscient la structure névrotique du langage, à celle d’un utopiste politique, médecin anarchiste proche de Bakounine, et qui participa à la Commune de Paris. Mais si l’on regarde bien, d’autres signes dans le paysage viennent encore perturber le propos initial…Olivier Leroi expose également au château d’Oiron, centre des monuments nationaux, jusqu’au 3 octobre 2004
Pièce à conviction (en sous-sol), 2004
Pièce à conviction, l’exposition d’Olivier Leroi présentée au sous-sol du Creux de l’enfer, appuie sur l’idée de parcours autonome dans la découverte des œuvres. L’installation innove une muséographie enchanteresse liée à la grotte, à l’obscurité et à la sonorité. La caverne ramène aux profondeurs de l’inconscient, à la peinture rupestre et à l’origine de l’art. Un bruit limpide et irrégulier de goutte d’eau, provenant de ses tréfonds, vient appuyer l’ambiance souterraine recherchée, et invite le visiteur à pousser son investigation dans la visite de l’exposition. Muni d’une lampe torche, on peut alors s’y aventurer. Les œuvres ne sont véritablement perceptibles que dans le faisceau de la lumière circulaire dirigée sur elles, accusant la relation de ce qui est vu à l’organe de l’œil. Les objets sont pris, telle la rétine dans le cristallin, dans une membrane transparente, un film plastique les protégeant ainsi que des produits de consommation courante insérés dans des emballages de cellophane. La surface vitreuse du plastique, sa réfringence à la lumière, a pour effet de produire une distanciation. Ainsi fétichisés, séparés de la tangibilité du toucher, les dessins, sculptures et objets se bardent en secret, obligeant, afin de mieux les lire et mieux les comprendre, à se rapprocher de près. La mise en scène énigmatique et féerique convoque à un certain recueillement. Elle soulève une petite dramatisation qui invalide le contenu parfois comique ou poétique de ce qui est donné à voir. L’exposition retrace ici une sorte d’inventaire archéologique de pièces (à conviction) balisant, de 1987 à 2004, le parcours artistique d’Olivier Leroi.
Oliver Leroi
(P)résidence (en terrasse), 2004
Cette intervention de l’artiste sur la terrasse du Creux de l’enfer renvoie au titre principal de son exposition, et fait appel, de jour et de nuit, sur l’extérieur et à la vue de tous. L’installation met en jeu autant la notion de nation créatrice, de résidence d’artiste, que d’appropriation d’un territoire qui ici à Thiers est un centre d’art. Elle prend encore une dimension critique inhérente à l’institution artistique en érigeant trois drapeaux français tricotés de laine, comme une nation maternelle le ferait pour ses enfants, une laine de nature réfléchissante à la lumière, donc signalétique. Ces drapeaux dressés sur des mats à trois niveaux différents, du plus petit au plus grand, surplombent trois places de parking évidemment inaccessibles à ce niveau du bâtiment. Les drapeaux français ainsi érigés sur le Creux de l’enfer appuient sur la dimension et la reconnaissance nationales du centre d’art, et sur son aspect forteresse pour un artiste à prendre. Les trois drapeaux correspondent au nombre d’artistes intervenants, et laisse supposer un questionnement caustique sur une hiérarchie artistique. La proposition en effet, dans sa figure de rhétorique, pousse à cette hypothèse, les bandes signalétiques blanches peintes sur la terrasse décrivant des emplacements de parking, mais de gabarits différents.
Olivier Leroi expose également au château d’Oiron, centre des monuments nationaux, jusqu’au 3 octobre 2004